De l’IGC à Cardiff, histoire d’un sifflet

Je pense souvent à mes 3 années passées à l’IGC (de 1984 à 1987) pour des tas de raisons, mais une est assez singulière, c’est celle de ma carrière d’arbitre international de rugby qui a justement débuté… à l’IGC ! Et pourtant, qui l’eut cru ? Ce n’était pas écrit d’avance… 

Fils de basketteur et basketteur moi-même, n’ayant jamais joué au rugby, mais Catalan d’origine, donc issu d’une terre de rugby, mon histoire avec le ballon oval et l’arbitrage a débuté à l’IGC. 

Étudiant, j’imitais beaucoup de personnages, surtout les jeudis soirs de fête au dernier étage de notre résidence, et parmi eux, j’imitais les arbitres de rugby et leurs gestes très démonstratifs. Nous avions alors, au sein de l’IGC, une fameuse équipe de rugby universitaire composée de beaucoup d’élèves ingénieurs issus de clubs du sud-ouest, et les matchs universitaires du jeudi après-midi étaient âprement disputés. Le derby contre l’équipe de Chimie Toulouse entre autres.

Un jour, mes collègues rugbymen de l’IGC m’ont suggéré de m’inscrire à des cours de formation aux règles du rugby. Ces cours étaient destinés aux étudiants désireux d’arbitrer des matchs universitaires et étaient organisés par des formateurs de la FF Rugby qui utilisaient cette filière pour essayer de recruter des arbitres pour leur compte. J’ai donc suivi ces cours et les formateurs sont venus nous voir à l’œuvre un jeudi après-midi pour voir si l’application des règles sur le terrain était à la hauteur de leur formation. C’est ainsi qu’un jeudi après-midi, sur le terrain de Daniel Faucher, voisin de l’IGC, je fus jugé. A l’issue de la partie, le formateur vint me voir et me dit avoir été surpris par mes capacités dans l’exercice, et qu’il fallait que je poursuive car j’avais des prédispositions, selon lui, pour devenir un bon arbitre. Je l’ai écouté et je me suis alors mis à arbitrer tous les jeudis des matchs universitaires, tous très formateurs. Et l’exercice me passionna de plus en plus…

Au début de ma dernière année d’études, en septembre 1986, je décidais alors de me lancer dans le grand bain et de devenir un arbitre de la Fédération Française de Rugby. C’était le moment au jamais avant de quitter Toulouse. Mon premier match « officiel » fut un match de cadets entre Colomiers et Decazeville, mais rapidement je fus désigné pour arbitrer des matchs de seniors, et je fus souvent supervisé, c’est-à-dire noté.  

A la fin de mes études, j’ai eu la chance de faire mon service militaire en tant que scientifique du contingent dans l’usine SNPE de Sorgues dans le Vaucluse. Encore dans le sud de la France et encore une terre de rugby ! Vite adopté par les locaux, je poursuivis ma carrière d’arbitre et gravis rapidement les échelons pour me retrouver en 1992 en 1re division (l’équivalent du Top 14 actuel). A cette époque, je travaillais, en parallèle, dans l’usine BP de Lavera.

En 1994, je devins arbitre international à 30 ans. Il serait trop long de raconter toute la suite de ma carrière qui s’acheva 15 ans après au stadium de Toulouse en février 2009 (Toulouse / Montferrand), non loin de là où elle avait commencé… Et il est compliqué de n’en retenir que quelques faits d’armes. Je citerais quand même mon premier match du tournoi des 5 nations : Galles / Angleterre en 1995, au cours duquel je dus expulser un gallois, ou encore mes trois finales de Top 14 au Stade de France en 2000 (Stade Français / Colomiers), en 2002 (Biarritz / Agen) et 2006 (Biarritz / Toulouse). Sans oublier un légendaire Afrique du sud / Nouvelle Zélande en 1996 remporté par les All Blacks sur le score de 33 à 26.

Par la suite, je fus élu président des arbitres français jusqu’en 2016… boucle bouclée ! 

Merci à l’IGC de m’avoir mis sur de si bons rails, ceux d’une histoire vraiment improbable mais inoubliable !